Un texte de Louis Bonneville
Avril 1972. Le réalisateur Denys Arcand dépose à l’Office National du Film le synopsis de son troisième long métrage de fiction intitulé Les Jarrets Noirs. L’idée de ce film germe dans l’esprit du réalisateur depuis plusieurs mois. En effet, en août 1971, un fait divers a fasciné Arcand...
Cela s’est produit à Sainte-Marie de Beauce, à l’angle du 3e Rang et de la route Ferland, là où se trouve le repaire du club de motards Les Jarrets noirs. Une maison ancestrale fait office de quartier général et un hangar transformé en garage sert à ranger les motos. C’est dans ce QG, au cours de la nuit du dimanche 1er août 1971, qu’un violent règlement de comptes est perpétré envers Les Jarrets noirs par quatre individus en provenance de la ville de Québec. Le lendemain matin, un quotidien imprime en première page : 2 motards brûlés vifs : vengeance.
Le synopsis dactylographié des Jarrets Noirs (archivé à la cinémathèque québécoise) n’est qu’un récit de trois pages. Tout de même, les événements de ce crime et les noms des protagonistes y sont relatés quasi conformément (nous y reviendrons)… En effet, Arcand a toujours eu un regard juste sur la réalité qui l’entoure. Ses aptitudes d’historien, sa culture et son intellect lui ont donné la faculté de dépeindre de frappants faits sociaux – autant de miroirs livrés au peuple – le trait caractéristique de son cinéma, qu’il soit de documentaire ou de fiction… Fort d’une scénarisation parfaitement ficelée, ce synopsis a les habiletés d’exposer – dès ce premier jet – une forme de visualisation des plans du film. Tout comme s’ils étaient déjà clairement impressionnés sur pellicule. Notons par ailleurs qu’Arcand a remis son titre en question, le biffant à la main pour le remplacer par Gina. Ce détail important indique un processus de création encore informe. En complément de ce synopsis, le cinéaste présente une étude explicative témoignant de ses motivations et réflexions en ce qui a trait à la réalisation de ce film. Cette note d’auteur descriptive débute ainsi : « Il y a plus de six mois que ce fait divers me fascine. Il s’y trouve une telle concentration de violence qu’il me paraît quasi exemplaire. Surtout que cette violence était réfléchie, voulue, non le fruit d’emportements passagers. L’ensemble de ces faits étonnants me semble à ce point significatif que j’aimerais y consacrer une recherche approfondie. Dans le but éventuel de rédiger là-dessus un scénario de long métrage de fiction. Le biais de la fiction m’apparaît comme la seule approche possible dans ce cas-ci, à cause des difficultés juridiques et humaines insurmontables que poserait une approche documentaire. Cependant la fiction éventuellement ne pourrait se limiter qu’à « changer le nom des lieux et des personnes pour protéger les innocents » comme dit la formule légale. Il ne faut pas non plus négliger l’hypothèse que la recherche nous amène plus loin, vers des faits et des personnages qui n’apparaissent pas dans les évènements de ce fait divers. J’aimerais appliquer à cette situation les méthodes de recherche de Truman Capote lorsqu’il écrivit In Cold Blood. Les quelques contacts que j’ai déjà pris avec certains des protagonistes de cette histoire m’autorisent je crois à espérer que l’utilisation de ces méthodes est possible dans ce cas. » […] Du reste, ce roman non fictionnel de Capote relate un meurtre de 1959 commis par deux jeunes truands du Kansas sur quatre membres de la famille d’un fermier. L’écrivain américain étant tombé sur l’article traitant de ce crime décida de faire la rédaction avec un grand souci du détail. La violence de ce crime n’est pas sans rappeler celui sur lequel Arcand se penche.
En effet, l’enquête du coroner menée le 2 septembre 1971 à Saint-Joseph de Beauce permet de faire la lumière sur cette nuit d’horreur à Sainte-Marie. Le document de deux cents pages regorge de détails avec ses dix-neuf témoins convoqués. Évidemment, pour mieux comprendre cette affaire qui captive Arcand, une synthèse de cette enquête s’impose. L’idée est de clarifier ce crime et établir sa séquence chronologique :
Québec, samedi le 31 juillet, 17 h 30. Trois comparses (Marchand, Bouchard et Georges) se rejoignent à l’appartement de Fournier. Cet homme est le leader de ce quatuor et son loyer de la rue Saint-Jean sert de siège social à son agence de danseuses à gogo : Les Hôtesses de Québec. À la suite d’actes ignobles qui auraient vraisemblablement été commis par Les Jarrets noirs sur certaines effeuilleuses de l’agence, les quatre individus se convainquent de jouer les rôles de justiciers dans ces affaires… Ils se rendent au Château Nancey de Québec. Tout en dînant sur place, ils élaborent un plan d’attaque sommaire. Une fois repus et prêts pour leur expédition punitive, ils reprennent la route en direction de la Beauce à bord de leurs deux magnifiques voitures américaines de type Muscle cars : une Ford mustang verte et une Plymouth Barracuda mauve, toutes deux de 1969. Rapidement arrivés dans la vallée de la Chaudière, les quatre individus s’affairent à repérer le repaire des Jarrets noirs. Ils se rendent à Beauceville. Au Rigolo-Bar, dans le sous-sol de l’Hôtel Royal, Fournier (accompagné de ses complices) va à la rencontre du propriétaire. Dans un premier temps, il collecte son pourcentage pour l’engagement de deux danseuses pour deux semaines, soit trente dollars. S’ensuivent quelques questions pour obtenir l’adresse d’un de ses contacts dans ce secteur. Cette info est facilement dégotée. Sans plus tergiverser, ils se rendent chez cet homme. Dans cette résidence de Beauceville, les individus fraternisent autour de quelques bières. Fournier et ce Beaucevillois effectuent quelques appels pour trouver l’adresse du repaire des Jarrets noirs, mais les infos obtenues demeurent floues…
19 heures. Les comparses reprennent la route et se rendent à l’Hôtel Callway de Saint-Joseph. À destination, Fournier se rend au bar de cet établissement pour questionner le gérant. Il cherche à savoir précisément où se trouve le shack des motards. Mais peu de détails s’ajoutent à sa recherche. En revanche, il apprend qu’il n’y aurait personne au club des Jarrets noirs. En effet, la majorité de ses membres ont récemment quitté le Québec pour aller travailler à la récolte du tabac en Ontario… C’est d’ailleurs dans cet hôtel que certains ennuis avec les Jarrets noirs sont survenus. Une strip-teaseuse, conjointe de Georges et employée des Hôtesses du Québec, avait été engagée en cette dernière semaine de juillet dans ledit hôtel. Mais, dès le vendredi après-midi, elle quitta la Beauce, abandonnant par le fait même le métier de danseuse... De fait, elle a affirmé à Georges avoir été molestée ce jeudi soir dans sa chambre de motel par certains Jarrets noirs après qu’ils aient défoncé sa porte. Une paire de ciseaux aurait été son seul moyen de défense pour empêcher son agression sexuelle imminente. Cette affaire s’ajoute au lourd tableau des Jarrets noirs. En effet, deux mois plus tôt, une autre danseuse des Hôtesses de Québec aurait subi d’effroyables violences sexuelles de la part de certains membres du club de motards beauceron. Peu de temps après ce crime, elle se serait volatilisée sans laisser de trace et sans porter d’accusations légales…
En ce samedi, de plus en plus près du but, les quatre vengeurs sentent monter en eux la tension nerveuse. D’autant plus que la plupart d’entre eux ont les facultés altérées : Marchand est sur l’effet du LSD « micro white » et il aurait même ingurgité plus de vingt bières ; Georges est boosté aux méthamphétamines ; quant à Bouchard, il est sur l’effet de la mescaline. Dans ce véritable brouhaha des esprits, ils décident donc d’un autre plan, plus judicieux : incendier ce repaire vraisemblablement inoccupé. Ils siphonnent quelques pintes d’essence à même le réservoir de la Mustang puis les deux voitures se dirigent vers Sainte-Marie. Or, le chemin de campagne isolé qu’ils cherchent est si difficile à situer, qu’ils se perdent carrément dans les ténèbres de la campagne. Aboutissant au village, Fournier effectue à nouveau quelques appels à partir d’une cabine téléphonique. Finalement, il réussit à clarifier où se trouve exactement le shack des motards. Les deux Muscle cars, qui se suivent, empruntent la route Carter, le rang Saint-Gabriel et le 3e Rang. Enfin, l’antre des Jarrets noirs leur apparaît.
À quelques deux cents pieds, dans le rang, ils stationnent leurs voitures. Rapidement, ils constatent que le repaire n’est finalement pas inoccupé comme on le leur a laissé entendre à l’Hôtel Callway. Ce n’est pas tout le club qui est parti récolter le tabac. En cette soirée, huit personnes (4 hommes 4 femmes) se trouvent à l’intérieur de la maison. Au rez-de-chaussée, il y a cinq personnes, à l’étage supérieur, trois, sans oublier le président du club et son amie qui sont sortis faire une marche sur la route Ferland. Au rez-de-chaussée, dans le salon isolé de la pièce principale par des portes coulissantes en verre, un couple écoute de la musique à haut volume sur un stereotape. Dans la pièce principale, Giguère, un jeune homme de 19 ans, et son amie de cœur sont confortablement installés sur un divan. Dans une chambre, un dénommé Bourque se repose…
Autour de minuit, les quatre truands élaborent – à une vitesse effrénée – un nouveau plan d’attaque : mettre le feu, étant donné l’activité dans la maison, ne tient plus la route. Sans hésiter, ils passent à l’action. Ils enfilent cagoules de nylon et gants. Dans les coffres des voitures, ils saisissent leurs armes : un revolver .38 Special et un .32 automatique, une carabine .30-30 et une .12 à cinq coups automatiques, deux bâtons de baseball, et, bien sûr, le gallon rempli d’essence siphonnée. Ils piquent à travers champ jusqu’à l’entrée de ce shack. Sur le perron, Georges dépose le gallon d’essence. À compter de ce moment, les événements se bousculeront à une vitesse folle. Marchand défonce la porte d’un coup de pied. Il entre dans le repaire, suivi de Bouchard et enfin des deux autres. Ils prennent Giguère d’assaut et le traînent derrière le divan. Sa petite amie – terrorisée – reste immobile sur ce canapé. Pendant que Giguère se fait rouer de coups de bâton, il appelle Bourque à l’aide. Au moment où Bourque sort de sa chambre, il reste stoïque devant la situation. Tant et si bien que la petite amie de Giguère perçoit dans le regard de Bourque qu’il sait peut-être pourquoi ces hommes sont là, comme s’il les reconnaissait… Marchand se précipite sur Bourque et lui fracture le crâne avec le canon de sa carabine .12. Bouchard refile son bâton de baseball à Marchand en échange de sa carabine. Marchand continue ainsi son sale travail en tabassant Bourque dans les jambes tout en lui criant : « Tu n’en prendras plus de filles sur le bras ! » Devant la porte de la cave, Bourque est maintenant effondré au sol en position assise, les yeux ouverts, quasi mort. Les malfrats mettent un coussin sur le visage de la jeune femme pour lui éviter la suite de cette scène horrifiante. Quant à Giguère, il convulse au sol. À ce moment, Fournier décide qu’ils doivent mettre le feu à l’endroit. Le gallon d’essence est vidé dans l’entrée et les quatre criminels se sauvent tout en laissant tomber derrière eux une allumette qui enflamme l’essence, provoquant ainsi une explosion. Encore assise sur le divan, la copine de Giguère, affolée par l’explosion, déguerpit par la porte arrière. Le couple qui était dans le salon s’échappe par la fenêtre. Les gens à l’étage cassent les fenêtres et se réfugient sur le toit du perron, et de là, sautent en bas pour fuir cette maison de bois qui brûle à la vitesse de l’éclair. En effet, rapidement tous se résignent : il est impossible de retourner à l’intérieur pour secourir Bourque et Giguère. Ils s’intoxiqueront mortellement en respirant l’acide de carbone de la dense fumée. Quant aux quatre cagoulards, ils reprennent la route en sens inverse tout en dispersant dans le fossé de ce rang certaines pièces à conviction de leur crime : munitions, gants et cagoules… Notons que cette enquête du coroner se termine avec le témoignage de Fournier. Mais ce dernier demeura muet lors de son interrogatoire…
Une semaine avant ladite enquête, soit le 24 août 1971, les quatre suspects furent retrouvés et arrêtés par la Sûreté du Québec. Quatre jeunes stripteaseuses furent également appréhendées en lien avec cette affaire. Une d’entre elles révéla à la Sûreté du Québec que la présumée victime du viol aurait été en cavale au Mexique… (Pays même où le personnage de Gina se réfugie en conclusion du film.)
Novembre 1972. Le procès de cette affaire obtient un rayonnement médiatique important. Au final, le 15 novembre 1972, Fournier est reconnu coupable de meurtre non qualifié. Le 29 janvier 1973, Georges reçoit le même verdict. Le 19 avril 1973, Marchand et Bouchard sont reconnus coupables d’homicide involontaire.
Le synopsis d’Arcand correspond avec une précision impressionnante au fait réel, ce qu’il précise d’ailleurs dans son étude : « À cause du fait qu’il s’agit [sic] d’enquêter sur des faits vécus, il est possible et même probable que la recherche soit beaucoup plus longue que la scénarisation, laquelle pourra se révéler relativement rapide […] » Pour bien prendre conscience de la rigueur de l’enquête qu’il a déjà menée, il va de soi d’analyser – du moins – une des scènes de ce synopsis :
« Au même moment, dans un rang abandonné derrière Sainte-Marie-de-Beauce des membres du club de motards « Les Jarrets Noirs » s’apprêtaient à passer une soirée tranquille avec leurs amies dans une grange isolée dont ils avaient fait leur quartier général. À dix heures du soir, les portes de la grange s’ouvrirent brusquement et Vaillancourt, Marchand, Bouchard et les autres firent irruption au milieu des motards. Ils étaient armés de bâtons de baseball. Une bataille s’ensuivit. Certains motards réussirent à s’enfuir dans les bois. De l’essence fut répandue dans la grange et celle-ci fut totalement incendiée. Dans les cendres on put identifier les corps d’au moins deux membres des Jarrets Noirs […] »
De plus, l’étude d’Arcand établit sept schèmes de travail fondamentaux pour son projet de film, et qui éclairent sa motivation pour un tel sujet. Il s’agit d’analyser des sous-groupes sociaux en région et leurs mécanismes organisationnels et d’expressions. Le premier de ces schèmes, à mon avis, résume le mieux la conceptualisation de son projet de film : « La structure et le fonctionnement des sous-groupes déviants dans les petites villes isolées du Québec. La classification de ces sous-groupes par ordre d’intensité déviationnelle. (ex., les clubs de skidoo par rapport aux motards). » Il conclura en précisant que les points qu’il expose […] « touchent des aspects de notre société qui ont été jusqu’ici peu explorés par notre cinéma ».
Néanmoins, ce projet de film tombe à plat à peine un mois plus tard. En effet, le 31 mai, l’ONF tranche : pas question d’aller de l’avant avec le projet de scénarisation de Gina. En fait, les productions de longs métrages de fiction sont très restreintes au sein de l’organisme gouvernemental. L’ONF opte plutôt vers ses cinéastes les plus expérimentés pour ce type de projets très couteux. Un des exemples les plus remarquables d’un projet retenu est le fim Taureau du réalisateur vétéran Clément Perron, en 1973. L’intrigue se déploie aussi en milieu rural beauceron et réfère à des sous-groupes déviants.
Arcand n’en est pas à son premier obstacle avec L’ONF. En effet, son documentaire sur l’industrie du textile au Québec intitulé On est au coton connut un destin parsemé d’embuches. Ce film – immensément controversé – a été tourné de septembre 1968 à février 1970 et terminé en mars 1971. Mais encore : il fut soumis au bistouri de la censure. On y amputa quinze minutes de ses scènes les plus subversives. Finalement, il ne parut qu’en 1976. Tout ce temps, le film fut interdit à la diffusion étant donné les pressions exercées par l’industrie du textile sur le gouvernement et son agence cinématographique. En janvier 1971, la courte note du commissaire de l’ONF motivant la décision de cette interdiction était basée sur les critiques reçues sur l’objectivité du film… Ce n’est qu’en 2004 que l’intégralité du montage vit le jour. Ce film, au déroulement interminable (près de trois heures), expose les difficiles conditions de travail et les luttes syndicales des ouvriers de ces manufactures. Lors de ce long processus de tournage en région, une rencontre majeure bonifiera néanmoins l’évolution du concept du film Gina. Dans un hôtel à Coaticook, entre quelques parties de billard, Arcand, le caméraman Alain Dostie et l’ingénieur du son Serge Beauchemin firent la connaissance d’une stripteaseuse : Brigitte. Rapidement, une amitié se forma entre eux et les cinéastes en vinrent à s’intéresser à son parcours et aux rouages de son travail…
Avec Gina refusé et On est au coton boycotté, Arcand décide de quitter L’ONF…
Mai 1973. Arcand se rend à Cannes pour présenter son deuxième film de fiction en carrière. Réjeanne Padovani qui fait partie de la sélection de la quinzaine des réalisateurs. De retour à Montréal, et fort de cette consécration, le producteur Pierre Lamy lui propose de produire son prochain film. C’est ainsi que le déclic lui vient : relancer son projet de film Gina, tout en y introduisant fictivement – en parfaite filiation – la périlleuse aventure du tournage du documentaire On est au coton. Cependant, les temps sont durs. Arcand est sans le sou, et ce, malgré le fait que ses deux premiers films de fiction aient connu un accueil positif à Cannes. Au moins décroche-t-il une bourse du conseil des arts, ce qui lui permet de se consacrer à l’écriture d’une nouvelle version plus étoffée du scénario Gina. De plus, un autre fait divers vient tout juste de retenir son attention, et il s’en servira pour renforcer son canevas des Jarrets Noirs. En effet, en mars 1973, huit jeunes individus issus d’une bande de motards de la région de l’amiante ont fait les manchettes. Sept d’entre eux ont été accusés d’agression sexuelle (viol en réunion) d’une stripteaseuse adolescente de Montréal…
Février 1974. Arcand a bouclé son scénario : 135 pages écrites en trois semaines. Après toutes ces années à cogiter sur son intrigue, il a réussi : les faits réels qu’il a accumulés se fondent maintenant parfaitement dans une seule fiction. Dès lors, le tournage du film Gina commence à Louiseville en Mauricie. Il faut souligner la façon dont quelques faits réels marquants ont étés transposés à l’écran : le club de motards les Jarrets Noirs devient un club de motoneigistes étant donné que le tournage a lieu en hiver ; certains moments du tournage d’On est au coton sont répétés dans Gina alors que Denys Arcand est personnifié par son propre frère, Gabriel ; Carmen, l’ouvrière de l’usine à Coaticook et personnage clé dans On est au coton est jouée avec ses aspirations et ses commentaires dans Gina par le personnage Dolorès, interprété par Frédérique Colin ; Fournier, le patron de l’agence des Hôtesses de Québec, est restitué quasiment fidèlement par une incarnation impressionnante du comédien Donald Lautrec ; et sans oublier les trois comparses de Fournier (Georges, Bouchard et Marchand) ainsi que les deux Muscle cars, très proches de ceux présentés dans le film ; quant à la figure Gina, interprétée par Céline Lomez, elle s’inspire du destin tragique des trois stripteaseuses molestées, tout en s’exprimant à travers le caractère de Brigitte, la stripteaseuse amie de la jeune équipe de cinéaste de l’ONF…
24 janvier 1975. Gina voit le jour. Le film, très bien ficelé, reçoit malgré tout un accueil critique et public tiède. Par conséquent, Arcand délaisse les films de fiction. Il y reviendra seulement qu’en 1984 en réalisant un film de commande (pour ainsi dire) : Le crime d’Ovide Plouffe d’après l’œuvre originale de Roger Lemelin. C’est finalement en 1986 qu’Arcand fait son retour avec un de ses scénarios phares en carrière, celui de son fameux film : Le Déclin de l'empire américain…
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