Un texte de Marie Desjardins
Lorsque George Harrison rendit l’âme, le 29 novembre 2001, un halo de lumière émana de son corps, éclairant la chambre sombre. C’est ce que rapporte Olivia, sa femme pendant trente ans. Olivia qui précisait que George produisait un effet profond sur les gens, sur les femmes, ou encore que la meilleure façon d’aimer Dieu est d’aimer un être inconditionnellement.
De toute évidence, c’est ce à quoi George s’est appliqué pendant sa courte et intense existence. Cet homme d’extrêmes, qui allait au bout de lui-même, de ses idées, de son talent, de ses expérimentations musicales, intégrant, le premier, la musique orientale dans le rock, cet homme-là, devenu richissime et adulé de part et d’autre de la planète, avait un véritable objectif : s’élever. Non pas matériellement, mais spirituellement.
George était, comme on dit en anglais, a real spirit. Il savait, par sa simple écoute, guérir un cœur meurtri, rassurer, motiver. Quelques mots et, extraordinairement, l’action suivait.
Beaucoup de travail sur soi-même derrière cet accomplissement humain. George, le plus effacé des Beatles, disait-on, et pourtant aussi caustique qu’un Lennon, chercha sans relâche… la vérité.
Ses amis étaient plus que nombreux. Tous, en grande partie, étaient admiratifs de ce qu’il avait apporté à la musique, mais également de son attitude – pacifique et néanmoins exigeante. C’est le propre des forts.
Ainsi… après avoir étudié, en surface bien sûr, cette singulière et puissante figure de notre culture occidentale, je ne suis plus étonnée de ce que j’ai toujours senti de George : son énergie.
Positive.
Heureuse.
Accueillante.
À quatorze ans, je n’aimais pas les Beatles. Préjugés, tout simplement. Les quatre vedettes sautillantes ne m’intéressaient pas. Pas plus que les Stones, d’ailleurs. Trois albums m’avaient alors initiée au rock. La trame sonore de Jesus Christ Superstar (avec Ted Neeley), Goodbye Yellow Brick Road, et Made in Japan, cela entrecoupé de tous les hits de Sylvie Vartan, un mix pour le moins étrange…
Étrange?
En 1964, lors de la première performance des Beatles à l’Olympia, à Paris, Sylvie Vartan assurait la première partie. George eut immédiatement le coup de foudre pour la copine de Johnny, qui ne craqua pas pour lui… mais qui continue de rappeler cet épisode flatteur lorsqu’elle raconte sa fabuleuse vie…
Bref. Je ne savais pas alors que George me convoquerait par un détour qui relève de la force de l’Esprit, me forçant à reconnaître le talent de l’un de ces Beatles.
Lors d’un séjour dans une maison louée à Miami, mes disques me manquaient. Fouillant dans ce bungalow aux allures de celui du Major Nelson dans I dream of Jeannie, je trouvai, dans le buffet, une pile de 33 tours. Décevante découverte de chanteurs et de musiciens qui m’étaient totalement inconnus, sauf un, me fixant sur sa pochette, assis contre une bagnole jaune. Il m’attira par son sourire, la profondeur aimante de son regard – sa lumière.
Et je découvris My Sweet Lord.
À l’âge dit ingrat, quel bonheur…
George m’invitait à l’enthousiasme, à la joie, au possible, à la plus cool des prières – il invitait tout le monde, en fait, la Terre entière, c’était bien ce que, intérieurement, je ressentais… Un appel colossal – un esprit rassembleur… Il m’apparut ce jour-là que George était bien celui des Beatles…
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George Harrison / Site web — http://www.georgeharrison.com/
George Harrison / Facebook — https://www.facebook.com/georgeharrison/
En 1964, Paul, George et John en Angleterre.
Photo : Morrison Hotel Gallery
Prise par : Robert Whitaker
Photo en haut page : En 1975, le domaine de George à Friar Park, Henley-on-Thames, Oxfordshire, UK. Photo : Morrison Hotel Gallery/Prise par : Terry O'Neill
Ce texte a d’abord paru dans le Journal Pop Rock : http://www.poprock2point0.com/dossiers/20171015_harrison/