Le 33 de la semaine : 33/52 de 2019
Neil Young
Album : After the Gold Rush
Label : Reprise Records
Code : RS 6383
Durée : 35:10
Année : 1970
Chronique de Louis Bonneville
Chronique de Louis Bonneville
L’existence a son lot de voies tracées dans l’improbable, sinon de chemins croisés hasardeux – charnières – qui pavent l’Histoire… En avril 1965, à Thunder Bay en Ontario, le Fourth Dimension Coffeehouse accueille le musicien new-yorkais Stephen Stills et son groupe folk, The Company. La formation locale The Squires, dont le chanteur est Neil Young, assure la première partie de ce spectacle. Deux pointures viennent de se croiser : Stills et Young ont marqué leur point zéro…
Moins d’un an plus tard, les perspectives d’avenir chez Young sont nébuleuses. Dans un geste de dernier recours, avec Bruce Palmer (collègue musicien), il liquide les instruments et achète un vieux corbillard. Les musiciens traversent les frontières américaines dans l’espoir de rejoindre Stills, installé depuis peu à L.A. Après quelques semaines d’errance et de recherches infructueuses, le musicien demeure introuvable. Désespérés, les vagabonds prennent la route. L’idée est de se rendre à San Francisco. Au même moment, Stills garde l’œil alerte, sachant que le véhicule insolite rôde à sa recherche. Or, signe des temps, s’il en est, il croise le corbillard sur Sunset Boulevard. Exécutant une manœuvre téméraire, il fait demi-tour et rejoint le tombeau roulant avant son départ définitif. Par cette rencontre fortuite, le trajet musical de Young s’incarne : il enregistre trois albums de 1966 à 1968 au sein de Buffalo Springfield. S’ensuit un premier album solo (1968), il fait éclat avec son deuxième album (1969) où il est accompagné du groupe Crazy Horse. Quant au disque Déjà Vu (1970) de Crosby, Stills, Nash & Young, il fait fureur.
Toute cette période faste se reflète à la fin de 1970 dans son troisième album, After the Gold Rush. La trajectoire musicale est dégagée – clarifiée – l’opus trace la ligne maîtresse du fracassant parcours populaire de l’artiste. Néanmoins, à la sortie de l’album, le journaliste Langdon Winner (de l’influent magazine Rolling Stone) se vautre dans une critique acerbe : « Les jeunes adeptes de Neil Young vont probablement passer les prochaines semaines à essayer de se convaincre qu’After The Gold Rush est de la bonne musique. Mais ils vont se moquer d’eux-mêmes. » Ce type de critique démontre une fois de plus qu’une œuvre ayant atteint au fil du temps un statut de classique n’a pas forcément profité d’une réception élogieuse. D’ailleurs, dans son ouvrage Top 100 Canadian Albums, paru en 2007, l’influent journaliste Bob Mersereau classe After The Gold Rush à la troisième position… Un des albums majeurs du folk rock.
© 2019
Un lien vers Spotify pour l’écoute de l’album :