André Perry est un ingénieur du son et tout un homme d’affaires. Tout au long de l’évolution époustouflante de son parcours, il érigea et administra trois studios d’enregistrement : un premier dans le sous-sol de son domicile à Brossard de 1962 à 1970, l’autre dans une ancienne église anglicane au cœur de Montréal de 1970 à 1972, et, enfin, le célébrissime Le studio à Morin-Heights, de 1974 jusqu’à sa vente (à Spectra) en 1988. La qualité des productions dans l’ensemble de ces lieux fut toujours de premier ordre, et ce, avec ou sans Perry aux commandes de la réalisation. 

À la fin des années soixante, la jeune chanteuse Diane Dufresne enregistre quelques 45 tours et interprète un certain nombre de chansons thème de films composées par son complice, François Cousineau. Le compositeur entame alors une collaboration avec un jeune parolier, Luc Plamondon. Ensemble, ils conçoivent les chansons d’un futur album pour la chanteuse. Le duo Plamondon/Cousineau a le vent dans les voiles, avec, en figure de proue, cette diva en devenir… En 1971, on enregistre son premier album, justement à Les studios André Perry ltée, surnommé « studio dans l’église ». Cousineau tient le projet à bout de bras en jouant la majorité des rôles – il est pianiste, chef d’orchestre et réalisateur. Un solide ensemble de musiciens se greffe à l’équipe. Retenons le travail exceptionnel de Richard Provençal, sans doute le plus précis des batteurs de session de l’histoire de la musique enregistrée au Québec. Pour superviser les aspects techniques de la réalisation, on engage Ian Terry, un jeune ingénieur du son déjà en pleine possession de ses moyens. Il peaufine un enregistrement d’une sonorité épurée et impeccable. 

Tiens-toé ben, j’arrive! sort en 1972 sous le label Barclay. Cette œuvre colossale s’inspire des tendances californiennes, mais garde un fort caractère novateur québécois. La voix éclatée de Dufresne, en avant-plan, est d’une justesse et d’une texture déconcertante – le milieu musical québécois est sous le choc et l’album obtient un succès instantané : on en écoule plus de 100 000 exemplaires. Dufresne vient d’authentifier avec assurance qu’elle sera une des plus grandes interprètes de l’histoire du Québec. Tiens-toé ben, j’arrive! – un classique absolu de la francophonie.

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